Marousse
l'interviou

Il n'y a rien de particulier à dire pour présenter cette interview... sinon que les Marousse (du moins les deux que nous avons eu l'honneur et le privilège de rencontrer) sont relativement bavards. On aime ça.

Quelles questions on peut pas vous poser ?
Arto : La question qu'est relou, qui nous fait chier tout le temps, c'est "est-ce que vous avez joué dans d'autres groupes avant, et lesquels ?". Si tu peux nous l'éviter, celle-là, on a répondu à peu près 2 500 000 fois...
Marina : "Est-ce que c'est vrai qu'il y a un membre de la Mano Negra dans votre groupe ?"
Arto : Si tu nous demandes, on te répond, hein...

Vous pouvez vous présenter ?
Marina : Ok, je présente tout le monde... Clavier : Arto, ici présent ; Basse : Jean Pierre, hispanisant...
Arto : Il a quel âge Jean Pierre maintenant ? 12 ou 13 ans, maintenant ?

Il est espagnol ?
Marina : On est tous un peu ibériques... on est 5 à être ibériques, dont 3 basques espagnols. Guitariste : Fred, des zuluberlus ; Thomas : qu'est-ce qu'on pourrait dire sur Thomas ?
Arto : Dieu l'a fait funky.
Marina : Santi, vous connaissez... Les cuivres : on a Siegfried...
Arto : Quand il se souvient qu'il joue avec nous !
Marina : Après on a Isabelle, deuxième membre féminin du groupe, qui joue du trombone.

Elle était pas là au dernier concert au Cadran ?
Marina : Non, elle était pas là.
Arto : Faut expliquer que nous, en fait, les cuivres on tourne pas toujours avec les mêmes. Mais en gros c'est une équipe et ils sont interchangeables, à force, parce qu'on a fait plein de concerts avec chacun. 
Marina : C'est un peu pour tout le monde le même lot...
Arto : Il faut savoir que les cuivres ils ont un gène spécial par rapport aux autres musiciens, ils sont pas bien finis. C'est bizarre, on a du mal à l'expliquer.

Et toi Marina tu t'es pas présentée...
Marina : Ben moi, Marina.

Situation militaire ?
Marina : Saxo alto...
Arto : Colonel !
Marina : ...et harmonica, et colonel.
Arto : Moi je suis réformé.

Ah oui ? P4 ?
Arto : P5. A l'époque ça existait encore, j'étais P5. Ils ont pas voulu de moi du tout du tout du tout. Ca tombait bien, on était d'accord sur ce point là, au moins, ça nous faisait déjà un point de convergence... C'était le seul, mais bon. Ca suffisait.

Votre histoire, ça a commencé quand ?
Marina : Attends, je t'ai pas dit lesquels c'était les basques ! C'est important ! Ici présent : Arto, Santi, et moi.

Vous voulez pas nous faire quelques mots en basque ?
[ici, ils disent "un, deux, un, deux, trois quatre !" en basque, et on sait pas l'écrire. Honte.]

Et vous parlez pas le basque couramment ?
Arto : Non, moi je sais aller que jusqu'à quatre. [s'adressant à Marina :] toi tu connais un peu plus, non ?
Marina : Moi je sais aller jusqu'à dix.

Alors, l'histoire de Marousse ?
Marina : Ben écoute, Marousse ça a du commencer en 94, le début... En 95 on a été "Découverte du Printemps de Bourges" [NdZ : tiens, les Varans aussi. Mais pas en 95. En 97.] Sur ce on a fait un autoproduit 6 titres, on a été pris par le label Printemps de Bourges qui nous a fait faire notre premier album, sorti chez EMI en 96. Après on a tourné, on a fait 400 et quelques concerts en tout.
Arto : Dans l'année qui a suivi la sortie de l'album on a du faire 150 concerts, et avant on avait beaucoup tourné aussi. On s'était dit, comme principe de base, faut qu'on joue partout. Donc on a joué dans tous les troquets qu'il y avait à Paris, dans les petites salles... tout ce qu'on trouvait on jouait.

A l'étranger, aussi ?
Arto : Beaucoup, aussi...
Marina : On a beaucoup joué en Allemagne, en Italie, en Espagne, aux Pays Bas...
Arto : En Suisse, en Belgique.

Vous avez une p'tite réputation dans d'autres pays ?
Marina : Ouais. L'allemagne ça va...

Et vous vendez, là-bas ?
Marina : Ben, je sais pas si on vend beaucoup, parce que c'est un peu une scène underground, le ska, tout ça... Mais en tous cas on remplit des salles. A Berlin on a rempli une salle de 800 personnes. 
Arto : 800 entrées payantes, c'était le 29 Décembre, la totale.

Vous étiez le seul groupe ?
Marina : Oui, rien que pour nous. Tu sais, ils adorent tout ce qui est ska, reggae...

Ca les dérange pas, que ça soit en français ?
Arto : Non, pas du tout. En Allemagne il y a beaucoup de gens qui parlent français.
Marousse : Et puis ça a un côté qui leur plait. Déjà on chante beaucoup en espagnol, aussi.

Et puis le français c'est plus joli que l'allemand. (NdZ : les Zavattistes sont tout à fait conscient des pertes d'audience que ce type de propos peut engendrer chez notre public allemand, mais ils s'en foutent. "Ich bin ein Berliner" tout de même.]
Marina : (rires) Fais gaffe à c'que tu dis !

On dira que c'est vous qui l'avez dit.
Arto : Si tu continues comme ça bientôt tu vas être journaliste, toi...

Votre formation musicale ?
Arto : On peut pas te dire pour tout le monde, mais moi je suis autodidacte. Pas totalement, j'ai fait de la gratte classique quand j'étais petit, pendant 6 ans. Mais franchement ça me sert pas, enfin peut-être inconsciemment... 

Au niveau solfège, même pas ?
Arto : Non, parce qu'on écrit rien, on mémorise... 
Marina : Ca c'est un truc de cuivres !
Arto : Eux ils sont tout le temps en train d'écrire des riffs, des machins comme ça. Alors c'est pareil, c'est du à leur gène. Gène de cuivre, tu vois.

Et les autres membres, ils ont quoi comme formation ?
Arto : Jean Pierre je sais qu'il est autodidacte.
Marina : Moi j'ai fait aussi de la clarinette, et Santi il a fait du saxo quand il était petit.
Arto : Thomas aussi je crois qu'il est autodidacte... mais c'est pas le truc dont on parle...
Marina : C'est pas un critère pour nous, le "tu joues mieux" ou "tu joues moins bien", ce qu'il faut c'est que tu sois dans le truc, même si ça fait 2 mois que tu joue, si t'es dedans c'est bon.
Arto : Et puis nous on est surtout un groupe de scène, et y'a pas d'école de scène... Y'a pas d'école où on t'apprend à arriver devant un public et être à l'aise. Le seul moyen c'est de le faire plein de fois. En plus au début, quand tu viens de monter un groupe, c'est évident que tu joues pas à 20h30 devant 50000 personnes... en général t'as des plans où tu joues à 4h du mat' devant ceux qui sont pas partis se coucher ! Et donc forcément c'est plus difficile que par la suite, quand t'es plus connu, que les gens viennent te voir toi.

Et c'est votre métier, à tous ?
Marina : Non pas tous, y'en a qui font des trucs à côté mais ça a toujours un rapport avec la musique, et ça leur permet de faire les deux. Si tu veux, y'a ceux qui sont vraiment impliqués dans le groupe et qui bossent dessus toute la journée, comme nous, et on fait que ça parce qu'on a pas le temps de faire autre chose, entre les concerts, les machins, s'occuper de tout, le management... faire les maquettes, faire les morceaux...

Vous vous auto-managez ?
Marina : Oui oui, on s'auto-manage, on s'auto-tout ! Et ça demande une énergie, un temps fou. Donc y'a nous, qui faisons que ça, et les autres, comme Santi, et Fred, qui lui est manager d'un autre groupe (NdZ : Baobab) et qui s'occupe de sa salle (NdZ : le Cadran Omnibus à Colombes).

Et économiquement, vous vous en sortez ?
Marina : Difficilement mais on s'en sort.
Arto : Ca dépend, y'a des périodes fastes, y'a des périodes plus dures...
Marina : Quand on a fait beaucoup de concerts par exemple c'est bien, mais en période de création d'album c'est dur parce qu'on peut pas faire de concerts. En général c'est avec les concerts qu'on gagne notre vie...

Et au niveau des ventes de CD ça va ?
Marina : Ben, ça va... Nous si on vend 10 000 albums on est contents, c'est un démarrage qu'est bien. Après c'est sûr que c'est pas le million d'album, mais après tout le monde se contente de ce dont il a envie.
Arto : Nous, quelque part, y'a des moments où on regarde ce qu'on fait comme des artisans, ou une PME... Par exemple on se dit : "ça serait bien de faire un clip". C'est sûr, dans l'absolu, ça serait bien, mais après faut trouver les thunes, faut qu'on s'assure qu'on soit diffusés.
Marina : Après tu te rends compte que c'est une petite entreprise, quand tu veux gérer le groupe toi-même.

Pour vous contacter on a quand même du passer par 2 boîtes avant d'avoir le n° de portable de Marina...
Arto : C'est pas des organismes qui nous gèrent...
Marina : C'est notre distribution d'albums.
Arto : C'est des partenaires, parce qu'on délègue une partie des trucs. Par exemple on a un tourneur, mais il s'occupe principalement de la paperasserie, les déclarations d'URSAF etc. Eux ils ont la structure juridique qui nous permet de salarier tout le monde, et en échange ils prennent un pourcentage, mais bon, c'est Marina et Fred qui bouclent les dates. Tripsichord c'est pareil, c'est un distributeur, on a dealé cet album-là avec eux, peut-être qu'on fera le prochain aussi, peut-être pas. 

Ils ont rien à dire sur ce que vous faites ?
Arto : Si, ils disent on le distribue, ou on le distribue pas.

Mais ils ont pas de contrôle sur le contenu ?
Marina : Non, on leur a apporté le truc comme ça, et voilà, c'est ça. Et c'est c'qu'on voulait, parce qu'avant, les expériences EMI, tout ça, c'était la merde. Les mecs ils ouvrent leur gueule tout le temps, sur tout et sur rien.
Arto : Ceci dit même avec EMI on avait quand même une relative liberté... pour une major.
Marina : Mais quand même, sur un éventuel deuxième album avec eux, ils avaient commencé à vouloir se mettre dedans, "oui, non, faites plutôt ci, plutôt ça" et quand tu commences comme ça c'est fini.
Arto : Pour le premier ils étaient ultra chauds, donc ils nous ont laissé faire un peu ce qu'on voulait.
Marina : Et sur le deuxième ils ont commencé à dire "Vous devriez plutôt faire ce style-là...", nous on a dit : on fait ce qu'on veut, vous verrez si ça vous plait ou pas.
Arto : En fait c'est l'avantage de fonctionner comme ça, à partir du moment ou Marina et moi on est d'accords sur un truc, on peut l'imposer à tous les partenaires avec qui on bosse. Ca veut pas dire qu'on écoute personne, parce que si on bosse avec ces gens-là c'est quand même qu'on considère que c'est pas des nases.

Bon, euh alors là ça va peut-être pas vous faire plaisir : est-ce que vous faites partie d'autres formations ?
Marina : Non.

Les cuivres, peut-être ?
Arto : Ah les cuivres, oui. 
Marina : Et même de plusieurs autres formations.
Arto : Faudrait faire un chapître spécial pour les cuivres dans ton fanzine.

Et dans votre jeunesse [NdZ : on prend des risques] ?
Arto : Ben on en a fait plein, mais si tu veux, si c'est la question qu'on aime pas, c'est un peu qu'on traine ça comme un boulet. C'est pas qu'on renie tout ce qu'on a fait avant, mais quand les gens viennent te voir et te parlent que de ça, ça te gave un peu. C'est des trucs qui remontent à y'a 15 ans...

Et les gens insistent beaucoup sur ça [NdZ : l'air innocent...] ?
Marina : Si tu veux, à chaque fois qu'on fait un concert, dans le truc qui présente le concert, y te mettent "EX-MANO NEGRA", franchement c'est relou.

Mais y'a que Santi qu'était dans la Mano ?
Marina : Avant y'a eu Joe...
Arto : Kropol... (tromboniste) Mais les gens qui ont aimé la Mano, c'est pas obligé qu'ils aiment ce qu'on fait.
Marina : Et puis en plus la Mano, ça a quoi... 10 ans ? Ca a plus rien à voir, ce qu'aiment les gens maintenant et ce qu'on fait nous maintenant.
Arto : Enfin si tu veux moi la Mano j'ai adoré, ils ont vraiment amené quelque chose, et moi-même quand je me suis retrouvé à jouer avec Santi j'étais très content. Mais après avoir dit ça 10, 100 fois, t'as envie qu'on te parle d'autre chose. Même la Mano, maintenant, c'est un vieux sujet. Manu il a fait des albums solo.

Vos influences ?
Arto : C'est difficile, parce que dans le groupe il y a vraiment des gens qui viennent de plein d'univers différents, et on écoute pas du tout tous la même chose. Par exemple Jean-Pierre il vient plutôt du hardcore...
Marina : Je dirais que les trucs qui font l'unanimité c'est plutôt Fishbone...
Arto : Clash aussi. 
Marina : Les Gladiators, Stubborn All Stars...
Arto : Marley.
Marina : Et après, tout ce qui est Salsa. Un peu tout, mais ce qui nous lie tous, c'est Fishbone. 
Arto : Surtout par rapport à la scène, où nous si on avait un exemple ou un objectif à atteindre, c'est faire aussi bien que Fishbone. On était très fiers, parce qu'on a fait leur première partie au Bataclan, on est sortis de scène et y'avait tout Fishbone, alignés sur deux rangs, qui applaudissaient.

Pourquoi vous avez repris Je m'éclate au Sénégal de Martin Circus ?
Marina : Une connerie, rien de très reluisant... Quand j'étais petite mes parents avaient le disque, moi je chantais ça et puis un jour voilà, on était en répèt' et on s'est mis à chanter ça.
Arto : Même pas, c'était dans le camion, j'm'en souviens moi je connaissais pas. Parce que dans le camion, parfois, on raconte des conneries... et y'en a un qui disait tiens, on devrait le faire en reprise.
Marina : En ska !
Arto : Moi j'écoutais ça je m'disais houla, c'est chelou votre histoire.
Marina : On a essayé de le faire en ska et puis on a trouvé ça super marrant ! Mais y'a rien de spécial, on connait pas Martin Circus, c'est pas des potes...

Est-ce qu'il y a des morceaux que vous aimez moins, avec le temps ?
Marina : Après 2 ou 3 ans, tu te dis : tiens, celui-là on aurait pu mieux faire.
Arto : Par exemple un morceau comme le métro [NdZ : Métropolis], ben je trouve que sur le premier album il est raté par rapport à l'image qu'on en avait. Mais je dis ça après coup.
Marina : A force de le jouer sur scène il est vachement mieux.
Arto : Mais ça peut marcher aussi dans l'autre sens par exemple, avec la reprise des Saints sur le premier 5 titres, que je trouvais pas terrible à l'apoque, et avec le temps maintenant je la trouve vachement bien. En fait c'est un peu comme des fringues, que tu mettais y'a 4-5 ans...

Des vestes ?
Marina : Des vestes de survet', oui !
Arto : Y'en a que tu remets, qui vont te replaire, et d'autres tu te dis wow, comment j'ai pu un jour porter ça. Ben c'est un peu pareil.

Et y'a pas un morceau que t'aimes bien porter depuis 4-5 ans ?
Arto : Un morceau à nous, non, mais un morceau qui m'a toujours fait kiffer depui qu'on le joue c'est Respect, la reprise d'Aretha Franklin. Et je m'en lasse pas, alors qu'en général quand tu joues longtemps longtemps un morceau au bout d'un moment tu te lasses.

Pourquoi "Marousse" ?
Marina : En fait c'est un surnom que j'avais. Comme ça je vais vous raconter : moi avant je jouais avec Mano Solo.

Et tu faisais quoi avec lui ?
Marina : Ben à peu près tout ! 

T'as joué sur la Marmaille Nue ?
Marina : Non, on s'appelait la Marmaille Nue, c'était avant l'album. On a fait à peu près 200 concerts, on était trois. Moi je faisais clarinette, saxo, harmonica, et Marousse c'était mon nom. Et puis après on a cherché 40 milliards de noms débiles entre nous, et puis on s'est dit pourquoi pas Marousse, ça a un côté féminin, c'est rapide, facile à écrire.

Et on a raté quoi alors ?
Marina : J'ose même pas te le dire.
Arto : Je peux te le dire moi...
Marina : AH NON ! [NdZ : Mettant toute l'autorité du désespoir dans sa voix]

C'est qui le chef ?
Arto : c'est madame la colonel...
Marina : C'est pas vrai.
Arto : Quand elle est vraiment énervée on l'appelle Mars Attacks !
Marina : A chaque fois qu'il y a une seule fille c'est elle qui prend tout.
Arto : T'auras beau dire, ils t'ont vue à l'oeuvre y'a 30 secondes... maintenant c'est trop tard.

Donc, c'est toi qui commande (Marina).
Marina : Non, c'est pas moi. Ceux qui commandent vraiment c'est... on est trois. Les Grands Commandants. Moi, Arto, et Santi, c'est les basques. 

On a remarqué pas mal de différences entre les 2 albums, comment vous expliquez ça ? Le premier était très varié, ça partait un peu dans tous les sens, alors que le second est beaucoup plus reggae et ska...
Arto : On a voulu recentrer. 
Marina : Sur le premier on faisait déjà pas mal de ska, pas forcément sur l'album mais sur scène, et de reggae. Ce qui nous liait le plus, c'était le ska. Et finalement on a recentré Marousse sur ce qui liait tout le monde. 
Arto : Si tu veux, pour faire le premier album on avait une trentaine de chansons enregistrées, on a pris celles qui nous plaisaient le plus et on les a mises sur le disque...
Marina : Sans se prendre la tête sur la couleur. Sur l'album suivant on a un peu plus centré, que les gens puissent se dire ce que c'est comme musique.

Mais y'a des groupes qui ont plutôt la démarche inverse...
Marina : Oui mais il faut quand même se donner une identité. Là avec le deuxième on l'a, et peut-être que dans le troisième on pourra ouvrir encore...
Arto : Nous on s'est pas dit paf, ça y est, maintenant on fait que ça. Mais y'a pas mal de songs qui se sont retrouvées dans cet esprit là, et nous ça nous arrangeait.
Marina : Maintenant avec les 2 frenchy [reggae party : NdZ], et on fait des plateaux avec les groupes de la frenchy, on fait pas "rien à voir avec les autres"... on s'inscrit plus dans une scène, même si c'est très différent ce qu'on fait. On fait des plateaux de 4 groupes, avec Rude Boy System, Big Mama, Baobab, tout ça... et ça passe très bien. Et c'est important qu'on puisse dire "tiens, Marousse, c'est par là, c'est dans cette couleur là".
Arto : En même temps hier par exemple on bossait avec le guitariste, on est tombé sur une idée de morceau keupon, bon ben on est partis la dessus... Et ce morceau là si ça se trouve il sera sur le prochain album, ou peut-être pas ! A l'heure actuelle on en sait rien. Mais si au moment de faire l'album on se dit "ce morceau il est super", il sera sur l'album même si c'est un morceau keupon.
Marina : A la limite on est ouverts à tout, parce qu'on aime bien tout faire, mais après y'a des contraintes. Et puis c'est difficile de se mettre d'accord, si tu fais 40 styles différents... C'est aussi une histoire de consensus entre les membres du groupe.
Arto : Ceci dit maintenant on progresse, aussi, dans notre métier qui est de faire des chansons, et donc on pense que sur l'album prochain on va arriver à faire un truc qui soit cohérent...
Marina : ...et en même temps diversifié.
Arto : C'est pas un dogme, on y pense pas quand on écrit une chanson, mais c'est quelque chose qu'on a quelque part au fond de notre tête.

Vous en êtes où de vos projets ?
Marina : On est en train de bosser sur le troisième. C'est le début, on fait la maquette.
Arto : On aimerait bien sortir l'histoire en Janvier-Février de l'année prochaine.

Quand vous finissez un album, vous pensez tout de suite au suivant ?
Marina : Oui. Quand tu finis un album, ça veut dire que les chansons tu les as écrites 1 an et demi avant, en gros. Donc t'en as carrément ras-le-bol. Quand je finis un album, pendant 3 mois au moins je peux même pas l'écouter. Chez les gens, ils te voient arriver alors ils mettent l'album...
Arto : Ca c'est l'horreur. Si vous avez des amis musiciens, évitez... Ou alors encore pire : dans une soirée chez quelqu'un, le premier truc qu'il fait quand t'arrives c'est mettre ton disque. 
Marina : C'est pas qu'on est pas fiers, mais à force de bosser dessus, t'entends tous les trucs qui te font chier, tu regardes les gens...
Arto : En plus tu te focalises sur le truc qui te fait chier. Tu sais que tel moment, toi t'aimes pas, on en a parlé mais bon finalement c'est comme ça... et toi deux chansons avant que le truc arrive tu sais qu'il va y avoir ce que tu veux pas entendre.

Où est-ce que vous avez trouvé une coccinelle aussi longue ?
Arto : Dans photoshop !
Marina : C'est la bagnole à Fred. C'est une vraie coccinelle, on roule dedans. 
Arto : On a fait ça en une après-midi, on a fait les cons...
Marina : On s'est bien éclatés.

Le collage est un peu bidon...
Marina : Ouais mais c'était fait exprès, un peu.

Ah bon ! Parce qu'on y a pas cru une seconde.
Arto : Tout est fait pour qu'on y croit pas. On a l'air comme ça, mais on est pas si cons, on serait arrivé à le faire bien synchro...
Marina : ...mais on trouvait que c'était nase, on avait envie de faire un faux truc.
Arto : Mais y'a des gens qui sont venus nous dire : "Mais... euh... t'as vu, c'est pas bien raccordé !"
Marina : "C'est pas propre !"
Arto : Ah ouais ? Ah ben merde ! Pour te dire, on trouvait pas ça assez crade alors on a rajouté des bouts de scotch.

Est-ce que vous avez de la musique dans la tête, là, maintenant ?
Arto : Ouais. Moi en ce moment je suis complètement tétanisé par Compay Segundo. Le tube.
Marina : Non, moi j'ai que les morceaux que je suis en train de faire...

Vos rapports avec le Cadran Omnibus ?
Marina : Super bons.

D'accord mais vous y faites quoi ?
Marina : Ben on y est tout le temps. Je vais y travailler souvent...
Arto : Pour te dire, là on en vient et moi après l'interview j'y retourne.

Vous les avez connus comment ?
Marina : Moi je les ai connus y'a longtemps, au tout début de Marousse. C'est eux qui nous ont fait passer, les premiers concerts c'est eux. Et puis là il s'est avéré que leur structure a grossi et du coup on a eu envie de bosser ensemble. On fait des concerts communs, avec Baobab...

Ca fait combien de temps que vous bossez là-bas ?
Arto : Moi j'y travaille pas, je fais la mouche du coche là-bas.
Marina : Ca fait plusieurs années, y'a eu une période où j'y allais un peu moins et puis maintenant j'y retourne souvent... ça doit bien faire 5 ans.

Alors, ça vous fait quoi d'être sur internet ?
Arto : Je kiffe grave. On va ouvrir un site à la fin du mois [NdZ : la date importe peu, on est très en retard pour la parution de l'interview...]. On va le mettre online à la fin du mois, et puis après on va continuer à l'affiner au fur et à mesure. On a fait ça avec un mec qu'on a rencontré dans le public à Nantes, qu'est venu voir pas mal de concerts. On avait l'idée d'en faire un, et lui s'est proposé donc on a fait ça avec lui. Je communique avec lui par e-mail. Je suis un internaute semi-récent, ça fait un an à peu près que je suis dans l'histoire... Je connais pas tout mais en tous cas je kiffe bien. Je trouve ça fabuleux... enfin j'aimerais bien faire quelquechose là-dedans. Je suis un peu comme tout le monde, j'attends de meilleurs débits... C'est un peu ce qui me fait chier, en plus j'ai un vieux modem tout pourri donc je suis pas aidé à ce niveau-là.

Qu'est-ce que vous avez envie de dire au monde qui vous tend les bras ?
Arto : Ce qu'il faut, sur internet, c'est trouver des idées de contenu. Essayer. Enfin j'ai rien à proposer de spécial, mais je pense que ce qui sera bien c'est des mecs qui vont arriver avec de nouvelles idées, qui vont pas nous faire sur internet des copies de ce qui existe déjà par ailleurs. Et à mon avis on en est au stade de la charrette par rapport à la voiture.

Et à part le net ?
Arto : Des trucs à dire y'en a plein mais bon, en même temps, quand tu fais de la musique c'est pas forcément bien de t'exprimer sur tous les sujets, même si ils te tiennent à coeur, déjà parce que dans un groupe on a pas forcément les mêmes opinions...
Marina : Voilà ce qu'on a à dire : on s'excuse de tout ce qu'on a dit pour les autres parce que si ça se trouve ils pensent pas du tout pareil !
Arto : Tu prends un sujet de politique, ou de société, ce que tu veux, tu vas dire un truc de 30 secondes donc déjà ça va pas faire avancer le schmilblick... mais en plus, même si ce que tu dis est intéressant c'est pas pour autant que tout le groupe va partager cette idée-là. C'est pour ça que c'est un peu con de demander en interview "la Tchétchénie ceci, cela..."
Marina [morte de rire] : La marée noire !
Arto : Ca va forcément sonner comme une connerie, quelque part. Parce que tu vas dire un truc en 30 secondes. Et donc voilà, c'est pas le cadre.

Mais c'était intéressant quand même, ce que vous avez dit. 
Marina : Merci, bonsoir !


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