NTM
l'interviou exclusive !!

Cette interview-là a été rendue possible par le Zavattiste Intérimaire Pagès (voir la section Les Z'auteurs) et réalisée par le même Pagès et Vincent Royer, cousin de l'illustre Malo. Pour l'occasion, Pagès nous a rédigée une intro qui se prend au sérieux (mais qui pourrait se le permettre, heureusement), ce qui me retire une fière chandelle du pied (!!) paske j'aurai pas à la faire. :) Voilà c'qu'est marqué sur la feuille qu'on m'a faite passer :

"Jeudi 15 Octobre 1998, Seine Saint-Denis.
Nous arrivons dans un minuscule studio de répétition d'Aubervillier où le Suprême met au point les derniers détails de sa tournée. L'ambiance est électrique et nous avons sous les yeux la preuve définitive, s'il en fallait une, que Shen et Joey ont méchamment l'intention de foutre le feu
[NdZ : Non Pagès, ça c'est IAM... Arf !] à la France entière à partir de Novembre.
Peu à peu le tempo monte et le duo enchaîne les titres de leur dernier brulôt, dans un tourbillon de samples inédits qui ferait se réveiller une armée de cadavres.
Puis, après une petite heure de répétition, c'est un Kool Shen serein et détendu, sans Joey Starr, qui se livre à nos questions.

PS : Julien, pense à me rendre la minicassette et à m'envoyer l'interview après l'avoir sortie sur imprimante, merci. [NdMM : aurais-je fait une bourde ?]"

Dans le dernier album on a impression que vous avez trouvé une sorte de cohérence, que votre rap est plus abouti, que vous atteignez une certaine maturité. C’est un point de vue que tu partages ?

Kool Shen : Maturité, je sais pas. Quand tu me parles de maturité, moi je pense à la maturité musicale. Si c'est pour dire comme certains que la direction au niveau des textes a changé, moi je ne trouve pas. Quand on dit "Laisse pas traîner ton fils", quand t'écoutes le premier couplet avant même qu'on dise laisse pas traîner ton fils il y a une critique de la société pendant seize mesures. Pour moi "le système a la tête sous l'eau", ça fait huit ans qu'on le dit. Dire qu'aujourd'hui on est mature, ça voudrait dire que quand on a écrit "Le monde de demain" il y a huit ans, on était immature, qu'on écrivait des choses qui n'étaient pas sensées. Et pourtant trois semaines après que l'on chante ça, ça pétait aux minguettes. Quand tu colles à l'actualité, ce qui se passe dans la vie et dans la société, c'est là ou tu as raison. Quand les gens viennent me dire aujourd'hui qu'on est plus matures parce qu'on dit "Laisse pas traîner ton fils", le message de N.T.M. ça a jamais été de dire laisse traîner ton fils. Le premier message de N.T.M. c'est ouvre tes yeux et ne fait pas que subir. Réveille toi et prends toi en main.

C’est lié au fait que vous prenez de l’âge et que vous évoluez ?

Je crois que la maturité est musicale. Le travail est plus aboutit, j'ai l'impression que ce qu'on pousse sur la musique est plus en osmose que ce qu'on faisait, il y a seulement trois ans. Le travail pour nous c'est de poser des lyrics sur de la musique. Il y a deux choses, la musique et les lyrics, et le tout ça fait de la musique.

Tu penses que c’est la musique qui change ?

La musique, elle subit l'évolution du Hip-Hop. Il y a huit ans aux Etats-Unis, puisque malheureusement on a le regard beaucoup tourné vers les Etats-Unis, le Hip-Hop n'était pas le même. Tu prends n'importe qui, qui était là il y a huit ans et qui sort aujourd'hui un disque, ce disque n'aura rien à voir. Et nous, on subit aussi les fluctuations de ça. Mais la musicalité, elle est également faite par nous, la façon de nous poser sur la musique et de créer cette osmose. Maintenant elle est différente, elle fonctionne plus de la même façon qu'avant. Heureusement ! Le rap est en perpétuelle évolution. Tu as des gens qui arrivent, si je prends des exemples vraiment basiques, QUE, il y a cinq ans il n'y avait pas un seul mec comme ça, avec ce style là. Et demain il y en aura un autre et puis encore un autre... Et si tu rappes comme Run D. M. C. aujourd'hui, tu ne fais plus rien, parce que ça n'est plus à l'heure du temps.

Comment vous est venue l’idée de travailler avec d’autres rappers, de former une sorte de famille autour de vous avec Zoxea, Lord Ko et Busta. C’est parti d’un projet, d’une démarche. ?

A la base non. J'ai eu l'occasion de rencontrer Busta Flex, qui voulait faire un album. On a discuté un peu et ça l'intéressait que je réalise son album. A la base ce n'était même pas IV MY PEOPLE, on l'avait pas encore créé à ce moment là. Avec Busta, on s'est mis à travailler sur l'album, et puis on s'est dit qu'on allait l'appeler IV MY PEOPLE. Et puis Zoxea est veau rapper sur l'album de Busta. C'est un pote à Busta. J'ai appris à le connaître, j'ai trouvé qu'il avait un potentiel, qu'il était capable de faire un album. On a continué comme ça, et puis la prochaine fois, il y en aura encore un autre qui va arriver. Voilà.

Justement, est ce que vous voulez faire un album tous ensembles ?

Je sais pas. On verra ! On a dans l'optique de le faire. Maintenant au niveau des dates, je privilégie d'abord l'album de Zoxea, et puis après je voudrais produire des petits jeunes qui sont en bas de chez moi, Dany Boss. Après ça on verra si on fait un album IV MY PEOPLE.
De toute façon, la première des priorités pour moi, comme pour Joey, c'est N.T.M. Si ça doit entacher le fait qu'on a à faire un cinquième album, on mettra tout ça de côté et on fera notre cinquième album De toutes façons pour Joey, les choses sont un peu différentes. Il a voulu faire une compile. Il a vraiment créé B.O.S.S. Il a pris une douzaine de rappers underground, pas connus, sauf Kossity ou M.A.S.S. qui rappe sur notre album. L'intérêt étant de faire découvrir de nouveaux talents, et de faire vraiment un truc en béton 100% Hip-Hop.

C’est bien parce que tu permets à des jeunes de rentrer dans le milieu !

Je pense que la démarche est vachement plus égoïste. J'ai envie de le faire. Point. Après si ça aide les jeunes, tant mieux ! Je ne vais pas aller en studio pour faire plaisir à quelqu'un d'autre ! Je leur épargne les galères, puisque je suis passé par là. C'est ça l'avantage que je peux leur donner. Et puis la maîtrise du studio, leur apporter les gens qu'il faut. Maintenant ça n'est pas parce que j'ai connu des galères que je fais ça. C'est parce que je trouve que le mec il a un potentiel et que j'ai envie de travailler avec lui. Qu'on a envie de faire un truc mortel ! Chez nous, on a jamais fonctionné par copinage. T'as beau être mon super pote, à partir du moment ou on est pas dans le même délire, ça le fait pas ! Sinon ça voudrait dire que je pourrais produire un album de rock demain, parce que j'ai un pote qui est rocker et qui a besoin de moi pour que je lui fasse découvrir un studio. Moi, c'est pas mon trip !

Tu reste authentik même par rapport à ça !

Franchement ouais ! Moi, je le vois comme ça. Je ne fais pas semblant ça ne m’intéresse pas. Moi et Joey, c'est un challenge ! Quand je bosse avec lui, et c'est mon pote depuis dix-huit ans, il n'y a pas de complaisance. Tu rappes, tu assures ! Quand ça ne va pas je lui dis, et inversement. Je connais pas mal de relations dans les groupes où ça ne se passe pas vraiment comme ça !

Aujourd’hui, on assiste en France à la création de familles au niveau du rap. Par exemple, I. A. M. l’a fait avec la Funky Family et Def Bomb. Est-ce que tu penses que ça peut faire avancer les choses ?

C’est sûr que si des gens qui sont déjà dans la place et qui connaissent un peu l'affaire commencent à driver les gens qui sont derrières, c'est plus intéressant que si c'est les maisons de disques, qui n'y connaissent rien, qui le font. Comme tu l'as dit tout à l'heure, par rapport à ce que je peux apporter aux jeunes, là c'est la même chose. Ils peuvent apporter leur expérience et tout le reste. Donc, c'est un bien. Maintenant le danger, c'est de ne pas faire comme les maisons de disques. Si quand t'es de l'autre coté de la barrière tu commences à être négligent vis à vis des gens qui arrivent derrière, c'est pas bon ! Nous on a fait notre truc avec nos tripes et on essaye de faire la suite de la même façon ! Sinon, c'est pas intéressant. Rien que le mot Hip-Hop, c'est une contre-culture. On est là pour être contre ! Tout ce qui se fait, tout ce qui se passe, tout ce que la variété peut représenter. Moi, je ne parle pas de commercial. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Il y a les bons et les mauvais morceaux. Après que ça marche ou pas, c'est le problème du publie. Pour moi, il y a une musique et il y a un rapper. Le mec doit rapper comme on rappe en 98, quel que soit son style, puisqu'il y a des milliards de styles. Mais on est en 98 ! Tu me sors un style d'il y a quatre ans, je ne pourrais pas te dire que le titre cartonne, même si la prod. est mortelle. Il faut que la prod. soit à l'heure de 98, que le mec rappe comme on rappe en 98. Le rap, c'est de la performance. Sinon, tu fais un livre ! Quand t'écris des idées, musicalement tu es là pour créer en plus une dynamique sur la musique. On te donne un support binaire, à toi de le rendre spectaculaire ! Que ce soit low, que ce soit rapide, que ce soit revendicatif, que ce soit style " ma benz " avec des meufs, je m'en fous. Ramène moi un truc où je puisse me dire, ça c'est du Hip-Hop !

Et au niveau du Hip-Hop grand public ?

Mais c'est de ça que je te parle ! Je te parle d'exigence. On est la pour qu'il n'y ait pas d'excès.
Si on passe dans les maisons de disques et qu'on peut introduire des gens comme Busta Flex, c'est pas pour faire ça ! Il faut être aussi exigeant avec les mecs que tu produis que tu peux l'être avec toi-même.

Mais est ce que tu ne crois pas que ce genre de rap peut familiariser les gens au rap lui-même ?

Non !

Beaucoup de groupes ont eu ces propos là !

Je sais. Pas que les groupes, les journalistes aussi !
Je suis désolé, ces gens la empêchent les autres de pousser. Après quand tu arrives avec un minimum de discours, on te dit mais moi je passe du rap, je passe lui là. Je passe pas des mecs comme toi ! Les vrais ils sont où ? Pas à la radio ! NTM on est à la radio parce qu'on leur a cassé les couilles pendant dix ans et qu'on leur a prouvé qu'aujourd'hui on était incontournable. Et si c'est pour laisser de la place seulement à NTM, ça n'est pas non plus intéressant ! Dans le rap revendicatif, il y a des milliers de gens qui ont des choses à dire et qui ont déjà sortis des skeuds. L'album d'Afrojazz, pour moi, c'est une bombe ! Le produit, il est là ! Et eux, ils font 30 000 ventes. Et avec 30 000 ventes, tu manges pas et tu te demandes si tu vas faire un deuxième album. C'est ça le problème des gens qui font de la merde qui ouvre soit disant les oreilles des gens, non, ça n’ouvre pas les oreilles ! Ça donne une certaine image du rap. Et puis quand t'arrives avec NTM, on te dit mais tu vois qu'on peut faire du rap comme lui ou comme lui là.

Si vous en aviez l’opportunité, comme Run DCM, Public Ennemy, ou même en France Timide et Sans Complexe, de travailler avec des groupes de rock, est ce que vous le feriez ?

Non ! C'est bien pour les gens qui aiment la fusion !

Mais, parfois la frontière est étroite, et on peut dériver vers d’autres musiques en utilisant certains samples !

Mais chanter sur du rock, non ! Moi, je chante sur du Hip-Hop ! Le Hip-Hop, c'est beat/bass. Le sample dont à priori tu parles, je m'en bas les couilles. Moi, c'est le beat et la bass ! C'est du Hip-Hop. Après tu rajoutes ce que tu veux. Tu connais notre album. On a chanté Chopin pour That's my people. Tant que ça sonne bien à mon oreille, c'est bon ! Maintenant jouer avec un groupe de rock, de jazz, je ne dis pas que je ne pourrais pas m'éclater, on l'a déjà fait ! Raggasonic joue avec des musicos et quand on joue tous ensembles sur scène, moi je m'éclate. Pas de soucis. Mais c'est autre chose, c'est pas notre truc. Je vais pas faire Anthrax comme Public Ennemy ! J'ai aucun plaisir à écouter cette musique. Alors encore moins à chanter dessus. C'est une question de goût. Je suis peut être sectaire. Il y a des puristes de rock qui te diront c'est quoi cette merde de Hip-Hop. Je ne dis pas que le rock, c'est de la merde. Ca ne m'intéresse pas. Point. Nous on a des tas de choses à faire dans le Hip-Hop ! Comme eux, ils ont des tas de choses à faire dans le rock. Le mec, si il a la voix, les mélodies, si il sait ce qu'il fait et où il va, il fera un truc bien. Rock, jazz, ce que tu veux ! C'est un artiste, il va créer des trucs. Le malheur c'est quand c'est de la pâle copie à chaque fois réchauffée. C'est aussi pour ça que le Hip-Hop n'est pas mort aujourd'hui. Il y a un underground qui ramène des choses, encore et encore. Le problème des trucs commerciaux, c'est que ça ne ramène rien, c'est juste la répétition de recettes déjà éprouvées. Avec ça, on va nulle part.

Parle-nous du numéro 2 d’Authentik qui va sortir.

C'est une bombe ! Le premier était pas mal, celui là c'est une bombe ! Pour nous ça vient à la suite de l'album. Ca n'est pas un moyen de contourner les médias, comme j'entends dire parfois. On peut encore s'exprimer dans la presse, mais là on interviewe qui on veut, on fait ce qu'on veut ! C'est un bon délire ! En plus ça se passe avec Sear, le rédacteur en chef de Get Busy qui a sortit une vingtaine de numéros tout seul, qui a le même esprit que nous et qui vient de Saint-Denis. On partage vraiment le même esprit ! De plus, On a grandi un peu ensembles, ce qui ne gâche rien. Voilà.

Et comment vous est venue l’idée de faire ça ?

Comme ça. Tiens, pourquoi pas ! Ce serait marrant ! On interviewerait des mecs qu'on connaît, ou qu'on connaît pas. Pas forcément des mecs qui sont dans notre camp. Et puis, c'est gratuit ! Moi, ça me fait rigoler, les canards de Hip-Hop. Nous on a la chance d'avoir des gens qui mettent de l'argent pour la pub dedans mais il me semble que dans les autres journaux aussi je vois des pubs, voir davantage. Remarque eux, ils essayent d'en vivre, c'est autre chose !

Une partie du jeune cinéma français se tourne vers le problème des cités, avec film comme la haine ou Ma-6-T va craquer. Qu’est-ce que tu en penses ? Est-ce que ça peut faire évoluer les choses sur le terrain ?

Non ! Ca reste du cinéma, et nous ça reste de la musique. On traite aussi des problèmes de cités, mais ça reste de la musique. Si les gens s'imaginent que c'est ça qui va faire évoluer les choses, et bien ils se trompent ! Cinéma, musique, ce que tu veux, ça reste de l'art. Nous on essaye de faire des choses et si il y a des personnes que ça fait réfléchir, tant mieux ! Mais de là à changer les choses ! En plus pour l'instant ça a été mal fait...

C’est vrai que Ma 6 T va craquer, franchement ça fait peur !

Ben écoute, tu vois, je ne l'avais pas vu. Il est passé sur canal il y a une semaine. Je n'y ait pas cru ! JE N'Y AI PAS CRU ! Je pensais pas que c'était possible. Et puis les citations de Karl Marx à la fin ! Faut arrêter de croire que les jeunes des cités sont des ouvriers révolutionnaires. Le jeune de cité aujourd'hui, il est dans la merde. Alors il fait gaffe à son cul, point. C'est aussi ce que son film illustre, c'est vrai. Mais beaucoup trop dans l'excès. J'ai même pas envie de parler de ça. Je préfère gonfler un mec qui a fait un bon film plutôt que de descendre un mec qui en a fait un mauvais.

Justement, quel film t’as marqué plus ou moins récemment ?

Le premier film de Richet, " Etat des lieux ", était bien. Malgré toutes les lacunes. Moi, je ne suis pas contre les lacunes. Nous, on a des lacunes. On en aura encore sur le prochain album. Et sur le premier album, on en avait franchement beaucoup. C'est normal ! Le fait qu' " Etat des lieux " ait des lacunes sur le plan artistique n'est pas grave. Il aurait progressé par la suite, avec les moyens. Mais ça ressemblait vraiment à quelque chose. Ma 6-T va craquer c'est pas sérieux. C'est pas possible, quoi ! Putain ! J'y crois pas !

Qu’est ce que tu penses d’Internet ? Vous avez créé votre site il y a peu…

C'est un moyen de communication génial mais ce truc là me fait un peu flipper. D'un coté, c'est de la technologie, avec des avantages mortels, tu peux communiquer partout, et en même temps ça crée une société encore plus individualiste. De toutes façons, on va là dedans ! Malheureusement. Alors, allons y à fond ! Faisons même un super Internet qui va encore plus vite. Je crois qu'on enferme les gens. Il y a des mecs de 28 ans qui passent leurs journées à aller chercher des informations sur l'écran et qui on les yeux niqués à force. Là, t’es plus dans le palpable !

Tu serais prêt à diffuser un concert sur ton site ?

Bien sur ! Mais on diffuse déjà des images de live il me semble. Et puis des clips, des informations sur nous. Sympa, quoi ! Mais je vais pas aller dormir la dessus ! Le gros avantage c'est que tu gagnes du temps au niveau de l'information. C'est positif sur plein de trucs. Mais après, tu as le revers de la médaille...

Vous seriez prêts à faire un album 100% ragga, vu que Joey est pas mal là dedans ?

Non, comme dit Joey, on se le fera plus devant la glace. Il se prend pas pour un raggamuffin. Certes, il a un potentiel ! Mais franchement son truc, c'est le pera. Il s'est toujours essayé au ragga. Il a des petites gimmicks entre les morceaux. Et aujourd'hui il a réussi à le coucher dans " Pose ton gun " pour l'album. Et puis c'est vrai on est potes avec Kossity et Joey va sûrement produire son album. Donc les influences sont là. Mais de là à faire un album, non ! Il y aura des petites touches raggas, mais c'est tout, juste parce qu'on kiffe bien.

Et dans la musique, vous avez chacun votre home studio, vous travaillez ensemble ?

On ne produit pas nos musiques, à part sur trois morceaux de l'album que B.O.S.S. a produit, sinon pour le reste on travaille avec des gens...
Pour le premier album, on avait un D.J. qui faisait toutes les musiques. Il est parti à la suite du deuxième album. Donc on a été chercher des gens autour de nous, D.J. Clyde pour le troisième album, et puis là sur le dernier on a travaillé avec D.J. Expérience. Mais B.O.S.S. fait de la musique. Sur l'album, il y a trois prods, " Ma benz ", "C'est arrivé près de chez toi ", et " Je vise juste ". Mais moi je ne fais pas de musique.

Sur le premier album, il y avait un morceau qui s’intitulait " Le monde de demain "...
Comment vois-tu aujourd’hui le monde de demain ?

Le monde de demain, aujourd'hui, fait plus peur qu'à l'époque. Je pense que demain, ce sera pire ! Tu sais moi, j'ai qu'à ouvrir les yeux. Même si vous arrivez pas à vous rendre compte, vous qui êtes au pouvoir, alors prenez des chiffres, vu que le terrain vous connaissez pas ! Il y a dix ans il y avait 2 millions de chômeurs, aujourd'hui on en est à 3 millions avec des chiffres trafiqués. Et en vrai 5 millions. Ben voilà ! Ca va aller mieux ? De quoi on parle là ? Tu me parlais d’Internet qui va aller encore plus vite ! On est dans l'automatisation du monde. Avec de moins en moins de main d’œuvre. Tout le monde de toutes façons n'aura pas bac+7 et même ceux qui ont cette chance là aujourd'hui ils se retrouvent au MacDo. Le système a la tête sous l'eau, on le dit très clairement !

Si tu avais un message à adresser personnellement au reste de la planète, ce serait quoi ?

Là, si tu veux, on parle pendant quatre heures ! A part balancer des banalités, comme Patrick Bruel, du genre faut arrêter la guerre. C'est vraiment pas le message que j'ai à balancer ! J'ai même pas envie de dire ça. A quoi ça sert ? Tout le monde a envie qu'entre les palestiniens et les feujs ça s'arrête parce qu’on a peur de la quatrième guerre mondiale, et que si elle arrive on ne s'en relèvera pas ! On est dans un système où on y va tout droit. ON Y VA TOUT DROIT ! Mais de le dire ça fait tellement gamin, tellement rêveur. Tu vois Michel Fugain, ouais d'accord super ! De dire ça t'es cool Michel ! J'ai pas envie d'être cool. Un message au monde entier ? Ecoutez NTM les gars, c'est de la balle !

Entretien réalisé par Arnaud Pagès et Vincent Royer, et les photos sont (c) Sony Music Entertainment (France) S.A., 1998. On les a piquées sur http://www.supreme-ntm.com m'enfin bon. :)


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