Les Ogres de Barback
l'interviou champêtre

Champêtre, c'est bien le mot... Le bruit de la tondeuse, pas loin, a tendance à couvrir ce que disent Alice et Mathilde sur notre enregistrement. Du coup par moments y faut bien avouer qu'on est pas certains certains de qui a dit quoi ! Bon, en substance ça donnait ça :

On va commencer simplement. Vous pouvez vous présenter ? Nom, âge, situation familiale...
Sam : Moi, Sam, futur marié, j'ai 24 ans et je joue du violon et de la guitare.

Et de la trompette, non ?
Sam : Et de la trompette.
Fred : Moi c'est Fred, cadet, 23 ans, accordéon, guitare, chant.
Alice : Moi c'est Alice, j'ai 20 ans, je fais du violoncelle et de la contrebasse.
Mathilde : Mathilde, j'ai 20 ans aussi, et je fais de la flûte et du piano.

Votre formation musicale ?
Alice : Mathilde et moi on a fait le conservatoire jusqu'à environ 14 ans...

A quel niveau vous vous êtes arrêtés à peu près ?
Alice : Jusqu'à la fin, DFE.
Fred : Moi j'ai fait 2 ans de guitare en école de musique et puis après...
Sam : Moi un peu de conservatoire aussi, quand j'étais petit, en violon.

Vous jouez pas d'autres instruments ?
Sam : Si, maintenant y'a les cuivres...

Vous avez appris comme ça, tous seuls ?
Sam : Comme ça, ouais.

Vous êtes d'une famille de musiciens ?
Fred : En fait on a un père qui était pianiste au départ, de 18 à 24 ans il a fait ça. Et il a collectionné un peu tous les instruments qu'il a rencontrés sur sa route, et donc chez nous il y avait un petit accordéon, une petite guitare, un petit violon, donc chacun s'y mettait un peu comme ça...

Depuis quand vous jouez ?
Alice : 4 ans.

Mathilde : Premier concert y'a 5 ans.
Fred : On a fait en fait 2 ou 3 années, surtout des bars-concerts, soit ici (Pontoise, NdZ) soit sur Paris, et depuis 2 ans on commence à faire un peu toute la France.

Comment ça a commencé ?
Fred : En fait avec Sam au départ c'était seulement un duo, même pas un groupe en fait. Et au mois de Juillet on se faisait un peu de rues à Paris, de brocantes, de marchés pour se faire un peu de sous. Un mec nous a proposé un jour de faire une salle, et comme on avait que 4 chansons on a appelé les soeurs à la rescousse. Et ça a super bien marché, ce concert, donc on a décidé de continuer.

Quand vous étiez plus jeunes, vous jouiez de temps en temps ensemble ?
Fred : De temps en temps, pour les fêtes de famille, les mariages...

C'est qui le chef qui commande ?
Fred : Le chef ? Personne.
Alice : Mathilde. 

On a remarqué des similitudes dans les titres de vos chansons... "Grand Père", "Grand Mère", "Little Gentleman", "P'tit bonhomme", "P'tit gars", "Les voyageurs", "Le voyageur", "Voyageur"... Vous manquez d'imagination pour les titres ?
Mathilde : Ca parle toujours de la même chose... [rires]
Fred : Ben quand on fait des chansons, souvent on a pas de titres, mais quand on fait le disque il faut en trouver un, alors on se dépêche.
Mathilde : Quand on a pas d'idées on met des mots qui veulent rien dire. "Nievitch"...

C'est pour faire "de l'Est", mais ça veut rien dire...
Sam : Ca veut absolument rien dire. "Kolyn", "Lahoyasrha", "Niev Nietch Nievitch"...

Mais y'a une relation entre "Le Voyageur", "Voyageur"...
Fred : Entre ces deux là oui, y'a une relation, c'est un peu la suite de l'histoire. Et "Grand Père" et "Grand Mère" pareil.

On le sent moins entre "Grand Père" et "Grand Mère".
Alice : C'est dit en concert.

Qui est Léo ? (le gosse qu'on entend chanter sur "Banan" par exemple)
Fred : C'est lui là-bas.
Mathilde : C'est notre petit frère.

Il a quel âge ?
Alice : 4 ans et demi. Il a fait sa première scène y'a à peu près une semaine. (sept. 99)

Il a chanté "Banan" ?
Mathilde : Oui.

Il la connait entièrement maintenant ?
Mathilde : Non, non non.
Sam : Non, il dit toujours les même conneries...
Mathilde : Il s'arrête toujours aux même moments.
Fred (interrogeant le p'tit Léo) : Comment ça se fait que tu chantes sur le disque ?
Léo : .....
Fred (idem) : T'as quel âge ?
Léo : 4 ans.
Fred (se découvrant une vocation de journaliste) : C'est qui ton père ?
Léo : Christian.
Fred : Ta mère ?
Léo : Babette.
Fred : Ils sont où ?
Léo : [censuré, l'adresse de ces gens ne regarde personne !]
Fred : Tu veux chanter Banan ?
Léo : Oui ! [Pas de panique, l'interview reprend 6 lignes plus bas]
Fred : Vas-y...
Léo : Chais pas.
Fred : Si, allez.
Léo : Nan, chais pas.

[NdZ : Bel échange !]

Vous connaissez Les Hurlements d'Léo (le groupe) ?
Alice : Ouais.

Vous avez des rapports avec eux ?
Fred : Au départ non, parce que en fait la chanson des VRP qui s'appelle Léo nous on l'avait reprise depuis déjà 5 ans, et eux ils avaient choisi leur nom par rapport à cette chanson. Et au départ on les avait jamais rencontrés, et là sur la tournée de cet été on les a rencontré et on a décidé de faire des projets ensemble...

Et le son qui est très mauvais sur la reprise de l'album, c'est exprès ?
Fred : En fait on l'a enregistré y'a 4 ans dans une cave avec un DAT et on a décidé de la mettre exactement telle quelle, avec les hurlements, tout ça.

Quels rapports vous avez avec l'Ukraine ?
Tous ensemble : Aucun.

Vous y faites beaucoup référence...
Fred : C'est comme un pays imaginaire super classe, alors qu'on y a jamais été !

Vos grands parents, pas Ukrainiens ?
Fred : Non.

On est trop déçus. Par la chanson "Accordéon pour les cons", est-ce que tu veux dire qu'Yvette Horner est une grosse truie ménopausée ?
Fred : Non, moi je dirais que ça n'a rien à voir avec l'instrument et le mec qui en joue... L'histoire, pour moi, c'est un mec qui rate sa vie du début à la fin, qui va faire de l'accordéon toute sa vie... Si, c'est vrai que c'est un petit peu une moquerie par rapport aux mecs qu'ont le sourire d'une oreille à l'autre, dans la Chance aux Chansons, des trucs comme ça... Le genre de musique que je peux pas trop supporter en l'écoutant comme ça. Mais c'est plus par rapport à un mec, ça aurait pû être... je sais pas moi, un tondeur de gazon qui a toujours détesté tondre le gazon et qui fait ça du début à la fin de sa vie et qui gâche sa vie à faire que ce qu'il aime pas.

Vos influences ?
Fred : On a beaucoup écouté Brassens, Brel, Ferret, tous les chanteurs un peu français, Renaud et tout ça...

[Intermède : Fred fait tomber la glace d'un enfant qui se trouvait là. "T'es chiant, j'voulais la manger, c'était la dernière !" s'écrit celui-ci, abattu par tant d'injustice, avant de fondre en larmes.]

On a 90mn de cassette, vous pouvez prendre votre temps.
Fred (se rassoit, fier de lui) : Donc les influences. Brel, Brassens, Ferret, enfin tous les chanteurs français parce qu'il y avait les disques chez nous, donc on les écoutait de temps en temps. Après on s'est mis un peu au rock, la Mano Negra, les Satellites, tout ça... Et puis après chacun a un peu écouté son style de musique. Après on s'est mis à la musique de l'Est, mais plus tard, y'a 4, 5 ans et on a bien accroché avec.

On a remarqué aussi que votre premier album avait été enregistré à Ornano, là où la Mano a enregistré "Casa Babylon"... Vous le saviez ?
Fred : Non.
Sam : Mais si, ils nous l'avaient dit. Au contraire, ils s'en vantaient.
Fred : Nous en fait on a choisi Ornano parce que c'était moitié prix la nuit !

Quels sont les groupes avec qui vous avez des liens en ce moment ?
Fred : Y'en a pas mal, parce que en fait on a monté un projet avec justement pas mal de groupes, on a acheté un chapiteau, et avec ce chapiteau on fait des tournées tous ensembles. Donc y'a au moins une dizaine de groupes avec lesquels on a des liens assez proches, et puis après t'as aussi les groupes avec lesquels on fait des premières parties, et là on a aussi des liens... Mais sinon d'ici t'as les Mazette qu'étaient là tout à l'heure, les K2R, Néry, les Matchboxx, Polo, Les Hurlements d'Léo, Debout sur le zinc...

Vous connaissez les K2R, ils sont d'ici ?
Fred : Ils sont du projet.

Vous avez une musique dans la tête maintenant tout de suite ?
Alice : Herta moi. La pub Herta, la magie des choses simples.
Mathilde : Moi j'ai Capitaine Flam.

Ca t'arrive souvent ?
Mathilde : Souvent, oui.
Sam : Moi j'ai "Tombez la..." (la veille, ils faisaient la 1ère partie de Zebda)
Fred : Moi j'ai rien...

C'est bizarre ça, on a toujours une musique dans la tête...
Fred : Non mais j'ai fait du vélo là.

Combien d'instruments vous utilisez en tout ?
Fred : Sur scène, 9, et sur disque 10...
Mathilde : Disons 3 chacun... ça fait 12.
Fred : Alors sur scène ça fait 12...

Vous vous rendez compte que c'est impressionnant quand même ?
Sam : Oui mais y'a plein d'instruments dont on sait vraiment pas jouer.
Alice : Ce qui est pas impressionnant c'est qu'on est pas des virtuoses de chaque instrument...
Fred : En fait je pense que quasiment tous les musiciens savent au moins jouer de 2 instruments, ils peuvent largement assurer sur scène. Alors qu'il y en a qui choisissent de se perfectionner dans la guitare, mais nous on avait plus envie de mettre pas mal de couleurs parce que justement on avait pas envie de se perfectionner dans un instrument, parce que peut-être on avait pas le courage... Par exemple le trombone, moi je sais jouer les notes que je fais sur "Little Gentleman", tu me demandes autre chose... Je sais faire des solos silencieux sinon.
Mathilde : Au début quand on avait une heure de concert avec 4 instruments c'était chiant pour nous, c'était chiant pour le public. Rajouter des couleurs, des arrangements pour faire de nouvelles chansons c'était bien aussi.

Vous avez fait beaucoup de concerts... Combien environ ?
Mathilde : Beaucoup.

Vous avez beaucoup de dates ?
Mathilde : Oui. (NdZ : c'était vraiment très intéressant)

Qui est Aurélia Grandin ?
Fred : C'est celle qui fait les affiches, les graphismes... Elle fait des peintures, des dessins, des expositions. On l'a rencontrée là où on a fait notre premier concert, à Ris Orangis, et on a bien accroché à ce qu'elle faisait, et elle a bien accroché à ce qu'on faisait...

Elle a fait une école de graphisme ?
Sam : L'école Estienne...

Comme les Têtes Raides ?
Fred : Voilà.
Sam : Juste après le mec des Têtes Raides, elle a fait ça.

Quel est le disque le plus honteux de votre discothèque ?
(silence général)

Vous avez pas de disques honteux ?
Alice : Si, on en a plein.

Ben il faut le dire !
Alice : C'est trop honteux.
Fred : On a la collection de 33 tours pour faire nos boums.
Mathilde : Tous les vieux tubes des années 80...

Vous avez du Dorothée ?
Mathilde : Non... Ah, si on a retrouvé du Chantal Goya. Mais c'est bien Chantal Goya.
Sam : Faut pas avoir honte d'avoir écouté ça quand on était petits. Non, c'est surtout les tubes des années 80. Gold et tout ça. Ca c'est bien grave.
Mathilde : Gold, Image, des pauv' trucs.

Pour en revenir aux morceaux, il y a une histoire derrière Irfan le héros ?
Fred : Pour moi les chansons c'est des trucs à demi réels, à demi imaginaires parce que c'est des rencontres qu'on fait avec des gens, on écoute leur histoire, on mélange tout ça ça fait une autre histoire, donc c'est pas vraiment quelqu'un en particulier et c'est pas non plus personne.

Y'a quand même une date à la fin du texte, c'est inventé ?
Fred : Oui, c'est inventé.

Vous vivez de la musique ?
Fred : Depuis 2 ans, oui...

Et vous en vivez bien ?
Sam : Non, pas encore...
Fred : Tu veux savoir combien ? 2000F par mois chacun, à peu près...

Vous avez vendu combien de disques ?
Fred : 10000 de chaque...
Sam : Mais on a pas encore eu la SACEM.

Vous faites souvent des interviews ?
Alice : Ca nous arrive, de temps en temps.

Beaucoup de concurrents à nous, des sites web ?
Sam : Une fois, c'est un fanzine qui s'appelle Zine Zine.

Qu'est-ce que vous voulez dire au monde qui vous tend les bras ?
(silence général)

Rien du tout ?
Alice : Faut écouter les chansons, et puis tu verras...

Vous avez aucun message à passer ? On peut toucher un maximum de monde sur internet. Des anglais, des allemands, des ukrainiens...
Fred : Invitez-nous !

Et ça vous fait quoi d'être sur le web maintenant ?
Fred : Ca fait bizarre.
Mathilde : Il va falloir qu'on apprenne à s'en servir.


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